Le territoire en quartiers: qui dit le bien commun? (2016-2017)

Dans nos villes affairées résonnent des pratiques, des imaginaires, des familiarités très variées. Il suffit parfois de traverser une rue pour sentir un changement d’ambiance, presque un air différent. Dans chaque quartier se nouent en effet des contraintes très diverses. Aménagement du territoire, mobilité internationale, commerces de proximité, équipements pour les enfants, prise en charge des personnes âgées, hausse des loyers, se tissent au plus près du vécu des habitants. Jeunes, vieux, multicolores ou monochromes, riches ouvriers ou pauvres bobos, femmes d’affaires et hommes au foyer y nouent des expériences à chaque fois singulières et toujours collectives.

Ce tissu bigarré a bien un motif, «regardez: c’est mon quartier, c’est son quartier, c’est notre quartier.» Mais qu’est-ce qu’un quartier? L’étendue de la ville se structure autour de ces territoires, centres de gravité qui portent une histoire à défendre, présentent une familiarité à laquelle on s’arrache difficilement. Notre quartier, c’est aussi de la tristesse et de la nostalgie lorsque «cette belle maison est détruite», ou «te souviens-tu de ce restaurant où nous avions nos habitudes?». Un quartier, ça pulse, ça se transforme. Mais pour qui? Qui en décide le destin, et comment? Pour quelles nouvelles joies, au prix de quelles frustrations, doutes ou espoirs déçus? Le quartier, c’est aussi le siège des révoltes, le paysage des barricades et l’abri des squats. Ou, au moins, le lieu où se renégocient constamment le désirable, le possible et le légitime. Jusqu’où? Jusqu’à quand?

Le Quartier sous-gare de Lausanne est aux prises avec de profondes mutations. Le Groupe vaudois de philosophie y organise en collaboration avec la Maison de Quartier ses activités depuis plus de cinq ans, et éprouvait le désir de s’y engager plus profondément. Ce quartier et sa maison serviront donc de laboratoire de pensée pour cette saison; un laboratoire alimenté par les expériences de collectifs et de citoyens, mobilisés, inquiets, enthousiastes ou peut-être insouciants, d’ici ou d’ailleurs. La Maison de Quartier est particulièrement impliquée dans ce questionnement. L’association de la Maison est régulièrement interpelée par des individus ou des groupes qui s’interrogent sur leur quartier, ses mutations, son devenir, ils manifestent un intérêt très marqué pour leur environnement et l’emprise qu’ils peuvent avoir sur les changements futurs.