Il existe un appel à l’immersion de nos jours qui interroge par son omniprésence: l’immersion est devenue le maître mot de l’expérience produite au musée, au cinéma, au magasin, au concert, au spa, etc. Or ceci ne se comprend pas sans le productivisme effréné des images et des sons dont il est un corollaire, sans un marché de l’affect dont il est une traduction prégnante. Si le terme recouvre des expériences disparates, souvent multisensorielles, il importe d’analyser les dispositifs mêmes qui permettent l’état immergé (panorama par ex.), et s’il y a dispositif, de comprendre en quoi l’immersion n’est pas pure spontanéité éprouvée, immédiate et directe, mais une expérience structurée. On essaiera donc de penser aussi son envers, si souvent oublié, l’émersion, puisque se sentir « dedans » quand on est « plongé dans les images » ou dans une « atmosphère » délibérément produite, présuppose un « en-dehors » qui le justifie. Au-delà de cette réflexion phénoménotechnique, s’impose de questionner notre « désir d’immersion » qui semble au moins aussi puissant que le constat que nous sommes immergés : que cherchons nous dans l’expérience immersive, dans le dispositif désirant qu’elle promeut ?
Conférence de Carole Maigné, professeure de philosophie (chaire de philosophie générale et systématique) à la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne.
Mercredi 12 novembre 2025 à 20h00
Maison de Quartier Sous-gare, Avenue Dapples 50, Lausanne.







