Philofolie — sagesse de la folie et folie de la sagesse
(En partenariat avec le Graap-Fondation, Groupe d’accueil et d’action psychiatrique.)
Nous voulons privilégier une approche « à hauteur d’homme » du rapport entre folie et pensée philosophique. Ainsi nous refusons notamment d’engager une étude en surplomb de l’aliénation mentale à partir de la philosophie ou d’une quelconque autre discipline. A hauteur d’homme, cela signifie notamment refuser de mesurer d’emblée les questions à l’aune des disciplines déjà constituées et des problématiques déjà élaborées par la tradition. Il s’agit en somme de trouver un langage qui soit propre à notre rencontre, ici et maintenant, pour en privilégier l’originalité tout en mesurant les différences. Cela signifie également qu’il faut dans la mesure du possible chercher à se maintenir au niveau de l’expérience que font les gens, et du discours qu’eux-mêmes tentent d’élaborer.
Ainsi la folie est-elle une expérience fondamentale pour l’être humain qui la traverse. Celui-ci doit pouvoir témoigner de la souffrance qu’elle implique, mais aussi de la part de vérité qu’une telle épreuve permet d’articuler quant à l’existence même de l’homme. Pour cela, il est important de laisser à cette expérience le soin de trouver ses propres mots pour s’exprimer, sans la contraindre a priori à adopter des catégories préexistantes.
De la même manière, la philosophie ne doit pas être ici envisagée comme un savoir d’école, mais comme une expérience de vie, qui engage des sujets et des corps. Cette expérience passe notamment par une remise en question radicale de toutes les évidences du monde, et jusqu’à la cohérence même de celui-ci. En ceci, il y a une dimension de folie qui hante la réflexion philosophique.
Pourtant, en philosophie comme après un épisode psychotique, il s’agit de pouvoir reconstruire une stabilité, assurer la cohérence relative d’un monde et la possibilité d’une existence douée de sens. Quelle est alors la spécificité propre d’une construction qui a traversé le péril de la désintégration du sens ? En est-elle renforcée, ou au contraire plus consciente de sa fragilité? Si l’on privilégie cette dernière possibilité, il y aurait là une dimension essentiellement critique, vis-à-vis de toutes les fausses certitudes qui structurent nos rôles sociaux.
-
Parcours d’une folie
26 octobre 2011 (séance 1). Témoignage en poésie, en musique et en chanson par Dominique Scheder et Nelly Perey (membres fondateurs du GRAAP).
-
O kaya pontoura, par water-water
16 novembre 2011 (séance 2). Lecture et performance musicale sur des textes d’Antonin Artaud.
-
Atelier 1
7 décembre 2011 (séance 3). Reprise du thème de la saison: quel rapport entre philosophie et folie? A partir de quatre courtes présentations en déployant différents aspects.
-
La Philosophie comme thérapie?
18 janvier 2012 (séance 4). Double approche biographique d’un trouble de la pensée par Vladimir Skrivan et Michel Vanni.
-
Démence, sujet et temps – regards croisés sur la maladie d’Alzheimer
22 février 2012 (séance 5). Par Pierre Corbaz (médecin et philosophe) et Thierry Collaud (médecin et théologien).
-
Philosophie et folie à l’aune de deux poètes
21 mars 2012 (séance 6). Gustave Roud: «Vues sur Rimbaud». Lecture par Rita Gay suivie d’une causerie. Séance organisée en collaboration avec Les Causeries des Équinoxes.
-
Proximité de la folie au quotidien – l’expérience de l’infirmier en psychiatrie
25 avril 2012 (séance 7). Par Claude Paponnet et Pierre-Alain Ory.
-
La Folie-Althusser et l’ambiguïté pensante
16 mai 2012 (séance 8). Par Hugues Poltier et Christiane Asté.
-
Philosophie et folie: quel dialogue?
13 juin 2012 (séance 9). Atelier final — reprise conclusive du thème de la saison. Séance introduite par Dominique Scheder (GRAAP) et Beat Michel (GRVD).