Qu’est-ce que «faire l’amour»? L’expérience du sexe, plus que n’importe quelle autre, est une expérience indicible, immatérielle jusque dans les fantasmes qui l’accompagnent en permanence. Pourtant, le corps y est présent massivement, mais c’est un corps constamment débordé par des éclats de désirs, dans un grand mélange de sucs et de peaux.
Il y va dès lors d’une situation-limite qui constitue un défi pour la pensée philosophique. Relativement familière avec le désir, avec le manque ou le processus de subjectivation, celle-ci est beaucoup moins à son aise avec le sexe considéré pour lui-même. Voilà une situation stimulante pour la philosophie, qui la pousse vers tout ce qui n’est pas elle: le geste muet, le témoignage maladroit, la mise en scène littéraire ou encore la performance.
Tandis que le vécu du sexe semble tout intérieur, il est potentiellement source de conflits de l’individu avec la société et de volonté de contrôle de la société envers l’individu. Le caractère foncièrement brut et primitif du sexe menacerait-il, encore et toujours, de déchirer le voile de civilisation qui constitue l’essence stabilisatrice de la société? Faut-il dès lors recourir à la mystique ou au sacré, seules dimensions qui seraient à même d’en rendre compte?
Nous voulons éviter de réduire la sexualité à autre chose qu’elle-même. Ainsi elle n’est pas d’abord un phénomène simplement psychologique ou relationnel, ni un mécanisme biologique, au sens où elle serait uniquement au service de la procréation. Elle n’est pas de prime abord une question d’identité ou de genre, puisque les identités sont en permanence brouillées dans l’acte sexuel. Il ne s’agit pas non plus de réduire le sexe à l’«amour physique» mais d’interroger le rapport entre amour et «faire l’amour». Ne peut-on pas avoir du sexe sans amour – ou s’aimer dans un couple sans avoir du sexe? Laquelle des deux situations est la plus scandaleuse?
Dans le cadre de cette saison du Groupe Vaudois de Philosophie, proposée en partenariat avec la Maison de quartier sous-gare, nous souhaitons ouvrir la description de l’événement sexuel, par delà toute réduction et toute catégorisation, c’est-à-dire penser cet événement en tant qu’il constitue un des lieux privilégiés dans lesquels se rejouent et se réinventent toutes les identités, les liens et les appartenances.
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Atelier d’introduction
8 octobre 2014 (séance 1). Introduction au thème de la saison avec trois brefs exposés de Michel Vanni, Beat Michel et Christophe Calame.
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«La philosophie dans le boudoir» de D.A.F. de Sade
12 novembre 2014 (séance 2). Mise en lecture par Vincent Brayer. Avec Claire Deutsch, Joséphine Streuba, Adrien Barrazone et Cédric Djedje.
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Sado-maso × sacré monothéisme!
3 décembre 2014 (séance 3). Par Gaspard Buma et Jacques Zwahlen.
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Masturbation et auto-érotisme
14 janvier 2015 (séance 4). Par Romy Siegrist et Mathias Clivaz.
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Le Banquet
18 février 2015 (séance 5). Sept membres du Groupe Vaudois de Philosophie représenteront librement les personnages du célèbre texte de Platon.
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Le sexe sans organes
18 mars 2015 (séance 6). Conférence par Denise Medico.
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Les chants d’Eros
22 avril 2015 (séance 7). Lecture par Carole Dubuis, David André, Philip Clark et Michel Vanni, membres du Groupe Vaudois, accompagnés par les sons et les rythmes crées par Luc Müller, musicien professionnel.
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Quand le sexe devient travail
13 mai 2015 (séance 8). Organisé avec Aspasie, une association de solidarité, créée à Genève en 1982 par des personnes prostituées et leurs alliés.
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Roundabout + «Art, érotisme, pornographie»
10 juin 2015 (séance 9). Dernière soirée de la saison en deux volets: Roundabout, performance de Céline Masson; suivie d’une conférence de Patrick Morier-Genoud, journaliste, sur le thème: «Art, érotisme et pornographie».