« La déconstruction » : brève histoire d’un mot

Conférence de Denis Kambouchner, le mercredi 23 octobre 2024, 18h, Université de Lausanne, Faculté des lettres, bâtiment Anthropole 5081.

Nous avons le plaisir de relayer cette conférence de Denis Kambouchner, Professeur émérite, Université Paris 1 Sorbonne, organisée par Carole Maigné.

Absent des dictionnaires les plus consultés de la fin du XXe siècle, le verbe «déconstruire» est aujourd’hui d’usage fréquent, et presque passé dans le langage courant. On n’en dira certes pas autant du substantif «déconstruction», qui garde le caractère d’un terme savant. Pourtant, ce substantif est largement utilisé pour désigner une grande tendance intellectuelle de notre temps et un phénomène culturel d’ampleur notable, que l’on peut approuver ou blâmer. À titre essentiel, «la déconstruction» fait polémique; mais de quoi parle-t-on précisément?

Pour substituer à la polémique la discussion rationnelle, il est indispensable de remonter à l’introduction des deux mots,déconstruire, déconstruction, dans le lexique contemporain. Celle-ci est due à Jacques Derrida (1930-2004) dans son premier grand livre, De la Grammatologie (1967), et elle s’entend notamment sur fond de lecture des textes de Heidegger sur l’histoire de la métaphysique. Qu’est-ce donc au juste que la déconstruction selon Derrida? Quelle a été sa relation avec le «geste» heideggérien? Comment expliquer la fortune du mot, et quel lien peut-on établir entre l’œuvre de Derrida et les évolutions culturelles du présent? Que faire, donc, aujourd’hui, du mot, et des pratiques ou des positions auxquelles on l’applique? Telles seront les principales questions abordées.