Les usages de la Terre — Écologies de Gaïa (2018-2019)

La perspective d’une catastrophe écologique mondiale, avec son cortège d’effondrements multiples et d’extinctions de masse, est peut-être progressive, mais elle est intense et inévitable. Elle nous pousse à reconsidérer nos usages de la Terre. Le surgissement du dérèglement et de la sauvagerie – au coeur d’une planète que nous croyions trop vite avoir entièrement domestiquée – nous provoque à la pensée, à l’imaginaire, et aux expérimentations pratiques.

Pour cette saison du Groupe Vaudois de Philosophie, nous ne souhaitons pas nous arrêter au seul diagnostic de la catastrophe, ni aligner des recettes pour tenter de supporter sans trop de dommages une éventuelle transition à venir. Il y va bien plutôt de notre capacité à imaginer d’autres registres possibles d’habitation de nos sols, d’autres modes d’affinités avec toutes les créatures qui les peuplent, d’autres lieux et d’autres territoires. Il s’agit de reconsidérer nos manières d’habiter la Terre, et nos manières de raconter ce qui nous arrive.

En faisant appel à des expérimentations contemporaines et locales, à des perspectives éloignées dans le temps et dans l’espace, en sollicitant la chimie autant que l’anthropologie, le réel autant que la fiction, les herbes, les champignons et les humains, nous demanderons comment il est possible d’habiter une terre dévastée sans sombrer dans le catastrophisme ni céder à la tyrannie des valeurs imposées. Y’a-t-il de nouvelles ou de très anciennes puissances à déployer dans les interstices du chaos ? Comment faire récit d’un monde fracturé et dispersé? Bien loin de toute prétention à la construction d’un plaidoyer cohérent, nous désirons offrir quelques perspectives diffractées, susceptibles d’esquisser quelque chose comme une Terre habitable.