Mes affects et moi, une affaire compliquée…

10 janvier 2018 (séance 4).

Cette 4e séance de notre saison sera consacrée à la question des affects, ce qu’on appelle plus communément «les passions». L’affaire est d’importance puisqu’elle met en question pas moins que la question de la liberté, de sa possibilité: sommes-nous gouvernés sans reste par l’enchaînement nécessaire de nos passions? Grégoire Ventura orchestrera notre navigation dans les méandres de ces questions en partant du conatus inhérent à toutes chosespour arriver au désir humain et l’exemplification de celui-ci dans le cadre d’une passion amoureuse…

Hugues Poltier présentera un cartouche de 20’ sur un thème fameux de Spinoza: les genres de connaissance.

Durant cette soirée, il sera question des affects, notion fondamentale chez Spinoza. Pour les comprendre, nous évoquerons d’abord le principe général à l’œuvre dans toutes les manifestations de la nature, le conatus, qui n’est autre que l’effort de chaque chose de persévérer indéfiniment en son être. Nous nous intéresserons ensuite à un cas particulier de ce conatus, celui de l’être humain, qui prend la forme de la cupiditas (qui n’a pas en latin le sens péjoratif du mot français qui en dérive), soit le désir fondamental de l’être humain de conserver son être, ainsi que des sentiments tantôt de tristesse, tantôt de joie, qui lui sont intimement liés. 

Nous verrons alors que ces affects sont la véritable boussole de l’être humain lui permettant de construire son éthique: celui-ci désire une chose non pas parce qu’elle est bonne, mais c’est parce qu’il la désire qu’elle est bonne. Quel désir désirer? Voici la question que Spinoza pose en plein. Par le biais de quelle liberté, si le libre-arbitre n’existe pas?

Et parmi tous ces affects aiguillant le désir, se cachent des dangers majeurs pour le sujet qui les ressent. Ainsi, s’il est en proie à des passions trop vives, l’homme risque bien de courir tout droit à sa perte, et parfois, selon le mot du Poète qu’aime à citer Spinoza, voir le meilleur, mais faire malgré tout le pire.Mais c’est également au coeur même des affects qu’émergeront les remèdes aux dangers.

Et pour tenter de mieux cerner encore cette notion, nous explorerons les propositions de l’Ethique de Spinoza qui décortiquent les mécanismes de l’amour, en particulier entre un homme et une femme, sujet qui n’a semble-t-il pas laissé indifférent Spinoza, et exemplifierons notre propos, pourquoi pas, par quelques courts extraits d’un film classique.