Atelier final — reprise conclusive du thème de la saison. Séance introduite par Dominique Scheder (GRAAP) et Beat Michel (GRVD).
Saison 2011-2012
Philofolie — sagesse de la folie et folie de la sagesse
(En partenariat avec le Graap-Fondation, Groupe d’accueil et d’action psychiatrique.)
Nous voulons privilégier une approche “à hauteur d’homme” du rapport entre folie et pensée philosophique. Ainsi nous refusons notamment d’engager une étude en surplomb de l’aliénation mentale à partir de la philosophie ou d’une quelconque autre discipline. A hauteur d’homme, cela signifie notamment refuser de mesurer d’emblée les questions à l’aune des disciplines déjà constituées et des problématiques déjà élaborées par la tradition. Il s’agit en somme de trouver un langage qui soit propre à notre rencontre, ici et maintenant, pour en privilégier l’originalité tout en mesurant les différences. Cela signifie également qu’il faut dans la mesure du possible chercher à se maintenir au niveau de l’expérience que font les gens, et du discours qu’eux-mêmes tentent d’élaborer.
Ainsi la folie est-elle une expérience fondamentale pour l’être humain qui la traverse. Celui-ci doit pouvoir témoigner de la souffrance qu’elle implique, mais aussi de la part de vérité qu’une telle épreuve permet d’articuler quant à l’existence même de l’homme. Pour cela, il est important de laisser à cette expérience le soin de trouver ses propres mots pour s’exprimer, sans la contraindre a priori à adopter des catégories préexistantes.
De la même manière, la philosophie ne doit pas être ici envisagée comme un savoir d’école, mais comme une expérience de vie, qui engage des sujets et des corps. Cette expérience passe notamment par une remise en question radicale de toutes les évidences du monde, et jusqu’à la cohérence même de celui-ci. En ceci, il y a une dimension de folie qui hante la réflexion philosophique.
Pourtant, en philosophie comme après un épisode psychotique, il s’agit de pouvoir reconstruire une stabilité, assurer la cohérence relative d’un monde et la possibilité d’une existence douée de sens. Quelle est alors la spécificité propre d’une construction qui a traversé le péril de la désintégration du sens ? En est-elle renforcée, ou au contraire plus consciente de sa fragilité? Si l’on privilégie cette dernière possibilité, il y aurait là une dimension essentiellement critique, vis-à-vis de toutes les fausses certitudes qui structurent nos rôles sociaux.
Philosophie et folie à l’aune de deux poètes
Gustave Roud: «Vues sur Rimbaud».
Lecture par Rita Gay suivie d’une causerie.
Séance organisée en collaboration avec Les Causeries des Équinoxes.
Atelier 1
Reprise du thème de la saison: quel rapport entre philosophie et folie? A partir de quatre courtes présentations en déployant différents aspects.
Pierre Corbaz: «Quelle réalité – le fou et le philosophe»
Michel Vanni: «L’ébranlement philosophique, réflexions à partir de Heidegger»
Beat Michel: «Moi seul»
Dominique Scheder: «Centré ou morcelé?»
Présentations servant de base à la discussion générale.
Avec la participation du slammeur Pablo, «le fils de la terre».
Soirée introduite et modérée par Pierre Pochon.
O kaya pontoura, par water-water
Lecture et performance musicale sur des textes d’Antonin Artaud
Création commandée par le Groupe Vaudois de Philosophie et réalisée avec le soutien du Pour-cent culturel Migros.
Le duo water-water exploite librement la frontière entre littérature et musique. Nicolas Carrel et Luc Müller confrontent deux langages, batterie et voix, afin de restituer la teneur sonore de la poésie d’Artaud.
Parcours d’une folie
Première séance
26 octobre 2011
Témoignage en poésie, en musique et en chanson par Dominique Scheder et Nelly Perey (membres fondateurs du GRAAP).
Créé en 1987, le Graap-Fondation (Groupe d’accueil et d’action psychiatrique) est une association de personnes concernées par la maladie psychique. Plus de 1000 membres, plus de 4000 membres de soutien, patients, ex-patients, proches, bénévoles, étudiants, professionnels des domaines de la santé mentale et institutions partagent le même effort pour rendre la psychiatrie plus humaine. Mieux comprendre la maladie psychique, donner un sens à sa vie, trouver les moyens pour mieux vivre avec, créer des réseaux d’entraide et de solidarité, sont quelques uns des principes qui sous-tendent ses actions. Le GRAAP travaille aussi à déstigmatiser la maladie psychique, sachant combien nous avons tous une part de folie. Parmi d’autres activités, le GRAAP organise chaque année un congrès qui réunit près de 300 personne au Casino de Montbenon à Lausanne, ainsi que deux cycle de conférences à l’hôpital psychiatrique de Cery.